Histoire du patrimoine
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Vieille Eglise
Le rapport final de synthèse de la campagne de fouilles archéologiques 2011 est consultable à la bibliothèque de Thaon.
Au XIXème siècle, l’église posait des questions
Avant propos :
Il y a tout juste un siècle, en 1908, s’est tenue dans la capitale bas normande, la 75ème session du congrès archéologique de France, organisée par la société française d’archéologie.
Au cours de ce congrès, une visite détaillée était faite à la vieille église de THAON et l’on imagine aisément toutes les sommités archéologiques de l’époque se rendant dans la vallée avec les moyens de transport de ce début de XXème siècle et par les chemins que l’on devine.
Tout ce joli monde, devant le monument, se posant des quantités de questions, ces mêmes questions que nous nous posions encore il y a douze ans et dont nous avons aujourd’hui une partie des réponses grâce aux travaux de l’AVET (Amis de la Vieille Eglise de Thaon (association)) et aux fouilles estivales.
Un compte-rendu de cette étude fait par Eugène de Beaurepaire, publiée dans le tome 1 du bulletin de la société française d’archéologie par A. Picard, éditeur à Paris, en 1909, résume presque toutes les études parues, au cours du siècle précédent.
Cette communication possède un côté poétique et donne envie de chercher les réponses dans les « Nouvelles de la Vieilles Eglise de THAON », la publication de l’association des Amis de la Vieille Eglise de THAON, dont vous trouverez les coordonnées dans le bulletin municipal et surtout sur son site internet « vieilleeglisedethaon.free.fr ».
Richard MAURY
Présentation de l’église
L’église de Thaon
L’église de Thaon est sans contredit l’une des églises romanes les plus intéressantes et les plus connues de la Normandie. Elle a pour elle le triple mérite de l’antiquité, de la beauté artistique, du pittoresque; elle a quelque chose de plus, le charme indéfinissable qui s’attache aux ruines, aux monuments abandonnés dont chaque jour détache une pierre, que l’on voit aujourd’hui, que l’on ne retrouvera peut-être plus demain.
Tous les archéologues anglais et français s’en sont successivement occupés. Dans son grand ouvrage, Gotman lui a consacré de nombreux dessins, Pugin ne l’a pas oubliée, et, venu le dernier, l’auteur de l’architecture normande au XI et au XII siècle, M. Ruprich Robert, l’a étudiée à son tour avec le soin le plus attentif et le plus scrupuleux.
Avec les magnifiques ruines de l’abbaye de Hambye, qui datent d’une autre époque, c’est un des édifices les plus suggestifs que l’on puisse imaginer.
Dans sa solitude attristée il évoque invinciblement l’image d’un lointain passé et ressemble vaguement à une vignette détachée d’une production de l’école romantique. Une visite à l’église de Thaon peut, sans hésitation, être recommandée à tous les touristes. C’est un pèlerinage artistique qui ne laissera à aucun de ceux qui l’entreprendront ni regret ni déception. »L’église de Thaon, située dans une vallée marécageuse, lisons-nous dans la Normandie pittoresque, passe, aux yeux de certaines personnes, pour la plus ancienne église du Calvados; quelques-uns même font remonter sa construction jusqu’au VIème siècle. Quoi qu’il en soit, elle a été fréquemment gravée, notamment dans les livres de Gotman et de Pugin.
Elle se compose d’une nef centrale, d’un choeur de hauteur et de longueur inégales et d’une tour centrale liée à l’extrémité de la nef et séparant celle-ci du choeur. Cette tour a deux étages et se termine par une pyramide quadrangulaire aux angles de laquelle des têtes fantastiques ont été sculptées. La nef, le choeur et toutes les parties extérieures de l’édifice sont du roman le plus pur et dignes en tous points de l’attention que lui ont toujours prêtée les hommes de science ».
Dans son ensemble cette description, dont les éléments sont d’ailleurs empruntés à la statistique monumentale de M. de Gaumont, est exacte, mais elle a besoin d’être complétée sur certains points essentiels.
La façade occidentale nous offre une porte cintrée d’une rare élégance, dont les proportions sont malheureusement gravement altérées par l’exhaussement des terres au milieu desquelles elle est enfouie jusqu’au quart de sa hauteur. Cette porte est surmontée d’un rang de huit arcatures au-dessus duquel se trouve un autre rang de sept arcatures plus petites qui occupent la partie triangulaire du fronton.
Le chevet du choeur, formé d’un mur droit à contreforts peu saillants, offre une disposition à peu près semblable. On y remarque un premier rang de six arcatures aveugles très allongées. Un second étage est orné seulement de quatre arcatures d’une moindre élévation. Cinq autres arcatures, encore plus exiguës, placées dans la partie inférieure du pignon triangulaire, complètent la décoration.
Le choeur, percé à une date postérieure de fenêtres en forme de lancette, n’a pas conservé sa physionomie primitive. Il est aisé de voir que ses murs latéraux étaient à l’origine ornés d’un rang d’arcatures surmontées d’un autre rang d’arcatures plus courtes revêtues de zigzags.
La tour qui émerge du toit, entre choeur et nef, est de forme courte et ramassée, elle est percée à ses deux étages, sur chaque face, d’une fenêtre en plein cintre à deux baies géminées.
La pyramide trapue à quatre pans qui la terminent, présente cette particularité qu’elle offre a trois de ses angles, des animaux fantastiques, et un petit personnage d’aspect étrange au quatrième.
La nef voûtée en charpentes apparentes, communiquait avec les bas côtés par des arcades qui ont été bouchées par une sorte de rempli provisoire. Elles sont décorées à l’intérieur de zigzags. Au-dessus d’elles, à l’extérieur, court une ligne d’arcatures analogues à celles de la façade, dans lesquelles, de place en place, sont ouvertes de petites fenêtres.
Les modillons de la corniche du mur latéral sont reliés les uns avec les autres par de petits arcs cintrés. La façade de l’église et le chevet du choeur ont conservé leurs antéfixes. Ce sont des croix entourées d’un cercle perlé à huit rayons extérieurs dont quatre formées par le prolongement des bras de la croix.
Les Questions
Cette description minutieuse et un peu longue, peut donner une idée de la valeur archéologique du monument, mais elle ne saurait résoudre les problèmes de toute nature et souvent assez délicats que sa construction soulève. Pourquoi, dans une commune rurale aussi modeste, un édifice de cette importance a été édifié ? Pourquoi surtout avoir choisi un emplacement dans un lieu marécageux, absolument solitaire et éloigné des habitations ?
A toutes ces singularités il y avait très certainement une raison, mais cette raison nous ne la connaissons pas ; nous connaissons encore moins les motifs qui ont déterminé, dans cette église, l’ablation de deux bas-côtés.
S’il faut même dire toute notre pensée, nous nous expliquerions beaucoup plus aisément la non édification des bas-côtés au moment de l’exécution des travaux, que leur suppression après.
Mais c’est surtout à propos de la date de construction de l’église que les discussions les plus vives se sont élevées, que les opinions les plus divergentes ont été émises.
Les premières réponses
L’abbé de la Rue, et beaucoup d’écrivains à sa suite, ont longtemps prétendu que l’église de Thaon remontait à une très haute antiquité et était un monument du VII ou du VIII siècle.
Cette opinion n’a pas prévalu, et avec M.M. Gage, Auguste Le Prévost et Stapleton, on tient généralement pour constant que l’église de Thaon est d’une époque de beaucoup postérieure, et appartient au roman fleuri ou secondaire, c’est-à-dire au style qui régnait en Normandie au XII siècle. Dans sa statistique monumentale, M. de Caumont se tient sur la réserve et n’émet aucune opinion catégorique. Plus précis, Ruprich Robert attribue au commencement du XI siècle la construction de la tour, et indique le XII siècle comme date probable des autres parties de cet édifice. M. Lechaudé d’Anisy, qui a fait de la question une étude spéciale, s’appuyant sur les documents relatifs à la seigneurie de Thaon qui nous ont été conservés dans le cartulaire de l’abbaye de Savigny, a émis à son tour une opinion sur laquelle il convient d’attirer l’attention.
L'origine de Thaon
« La paroisse de Taun, Taon, Thaon, écrit-il, connue aujourd’hui sous le nom de Than, du diocèse de Bayeux, aurait été plus souvent confondue avec celle de Tanie ou de Tanu, du diocèse d’Avranches, qui portait les mêmes noms latins dans les Chartres de Savigny, si les évêques de ces deux diocèses, en confirmant les donations faites à ce monastère dans ces trois paroisses, n’eussent fait une mention particulière de celles qui faisaient partie de leur évêché.
On sait que les paroisses qui, en France comme en Angleterre, portaient le nom saxon de Than plus ou moins défiguré, formaient primitivement la demeure d’un Than ou du baron seigneur du domaine. Plusieurs chartes donnent le nom de Thannène aux châteaux quils avaient fait bâtir. Telle est entre autres celle de la donation de l’église de Saint-Bertevin faite à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, dans laquelle on lit : Et capellom quoque cuyusdam castri novi quod Tanneria vocatur. La paroisse de Than est quelquefois désignée sous le nom de baronnie ou d’honneur de Than. (I), Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie, t.XII, p.113.
M. Lechaudé d’Anisy nous apprend ensuite que l’un des premiers seigneurs de cette localité fut Hamon-as-Denz, frère utérin du vicomte du Cotentin Neel, issu par son père de Rollon, duc de Normandie.
C’est à ce puissant personnage qu’il attribuerait la fondation de cette église monumentale dont il fixerait la date à 1134, et dans tous les cas avant l’érection des deux grandes églises abbatiales de Saint-Etienne et de la Trinité.
On sait que Hamon-as-Denz, seigneur de Creully, de Maisy, de Thaon et de Thorigny, fut tué à la bataille du Val-es-Dunes, en combattant, à la tête des barons normands, le duc Guillaume, dont il fut l’un des plus redoutables adversaires. Au témoignage de Wace, ses partisans emportèrent son cadavre et l’inhumèrent auprès de l’église d’Esquay. « A Esquay, fut d’ilenc porté Et devant l’église, enterré ».
Des conclusions provisoires
Cette description minutieuse et un peu longue, peut donner une idée de la valeur archéologique du monument, mais elle ne saurait résoudre les problèmes de toute nature et souvent assez délicats que sa construction soulève. Pourquoi, dans une commune rurale aussi modeste, un édifice de cette importance a été édifié ? Pourquoi surtout avoir choisi un emplacement dans un lieu marécageux, absolument solitaire et éloigné des habitations ?
A toutes ces singularités il y avait très certainement une raison, mais cette raison nous ne la connaissons pas ; nous connaissons encore moins les motifs qui ont déterminé, dans cette église, l’ablation de deux bas-côtés.
S’il faut même dire toute notre pensée, nous nous expliquerions beaucoup plus aisément la non édification des bas-côtés au moment de l’exécution des travaux, que leur suppression après.
Mais c’est surtout à propos de la date de construction de l’église que les discussions les plus vives se sont élevées, que les opinions les plus divergentes ont été émises.
l’église de Thaon.
Comme on le voit, cette question de date est loin d’être résolue et appellerait encore de nouvelles études, de nouvelles investigations.
E. de Beaurepaire
Thaon autrefois
La nouvelle église et son cimetière
Petit à petit, grâce aux recherches des Membres de l’AVET et aux conférences du Professeur Pierre BOUET, la vieille église dévoile ses nombreux secrets mais découvrons cette nouvelle église construite sous la Monarchie de juillet par la famille MOREL de THAN, qui a aussi son histoire. C’est un peu de celle-ci et de son cimetière que nous vous contons aujourd’hui.
L’histoire de la nouvelle église remonte en fait à la Révolution Française car c’est durant cette époque que la Vieille Eglise de la Vallée servit à la fabrication du salpêtre.
Lorsque celle-ci fut rendue au culte son état était tellement pitoyable que son remplacement par une nouvelle église était déjà envisagé dans tous les esprits.
Le second problème qui mobilisait les énergies du Conseil Municipal de l’époque concernait l’exiguïté du cimetière communal. Le terrain qui entourait l’église était en plus marécageux ce qui faisait dire aux mauvaises langues des villages alentours que les gens de Than n’enterraient pas leurs morts mais qu’ils les noyaient.
Le 15 floréal de l’An 12 (6 mai 1804) le Maire de Than réunissait son Conseil Municipal pour donner lecture de l’Arrêté du Préfet du Calvados, fondé sur le rapport du citoyen « Beisan » -médecin de Caen- autorisant la municipalité à acquérir un terrain propre à former l’établissement du nouveau cimetière.
Une proposition fut faite par le citoyen Morel de Than de céder à la commune un terrain présumé convenable à condition que ce terrain lui soit payé sur le centime additionnel de ladite commune.
La réponse du Conseil Municipal fut brève : « Le Conseil ne connaît aucun fonds communal qui puisse être employé au paiement du terrain et les centimes additionnels font à peine face aux dépenses nécessaires et indispensables pour la commune ».
Le 17 Messidor de l’An 13 (7 juillet 1805) le Conseil Municipal, assemblé en nombre suffisant pour délibérer de nouveau sur la nécessité de changer de lieu de sépulture de ses habitants, se réunissait. Le Sieur Morel de Than déclara : « Je consens à l’aliénation totale du terrain désigné dans le procès-verbal du 6 mai 1804 » . Le Sieur Cairon de Barbières, qui s’était proposé de payer à M. Morel de Than la moitié de la valeur du terrain soit 175 livres, devant cette attitude se retira de l’assemblée et adressa une requête au Préfet sur le registre de la Mairie pour l’expédition qui lui sera faite. M. de Barbières écrit : « Les projets ultérieurs de M. de Than sont peut-être illusions, ils sont probablement la seule cause de cette distraction » .
En fait, la famille Morel de Than envisageait déjà la construction d’une nouvelle église et ne souhaitait pas qu’une autre famille soit associée à ce projet.
Le 14 septembre 1819, le Conseil Municipal -assemblé par M. de Than Maire de la Commune- était appelé à donner son avis sur une proposition concernant le nouveau cimetière. Madame de la Catherie, principale propriétaire et sœur de Monsieur de Than, offrit de faire don de 22 ares de terres représentant environ 36 perches de 24 pieds au lieu-dit « St Martin » tenant au Parc de Than. La condition expresse qu’elle attachait à ce don était que si un nouvel édifice venait à être bâti sur le terrain donné par elle, elle se réservait une place de 10 pieds de longueur dans le chœur de la nouvelle église pour être occupée par sa sépulture.
L’assemblée ayant examiné cette offre invitait M. le Préfet à accepter le don du terrain pour servir de nouveau lieu de sépultures aux habitants de Than.
La Vieille Eglise, dans sa position excentrique et marécageuse, manquait par trop de confortabilité. Elle devenait de plus en plus un lieu d’art plutôt que de prières. La famille de Morel de Than, châtelains de la Commune, devant cet état de fait, envisagèrent la construction d’une nouvelle église sur le terrain du cimetière donné par eux en 1819.
L’Histoire retiendra que c’est à une femme -Marie-Antoinette de Morel de Than, Comtesse de la Rivière- que nous devons la construction de la nouvelle église. Les travaux commencèrent en 1838 et durèrent environ 2 ans. Les pierres de l’édifice venaient des carrières toutes proches, et de nombreux tailleurs de pierre habitant Thaon participèrent à leur élaboration. Les deux petites chapelles placées à droite et à gauche de l’église donnèrent à celle-ci la forme de croix recherchée.
Le style retenu par Mme de la Rivière était « grec ». C’est pourquoi de nombreuses colonnes figuraient dans l’édifice. Extérieurement, deux grandes colonnes soutenant un triangle de pierre rappelant le Parthénon encadraient l’entrée de l’église. Deux autres plus petites figuraient en retrait de chaque côté de la porte et soutenaient une croix de pierre. Le clocher octogonal, d’une élégance de cathédrale, était lui entouré de 8 colonnettes de pierre. Il fut malheureusement détruit par la foudre à la fin du siècle dernier et reconstruit sur un type saugrenu aux dires des puristes, ce qui donnera une mauvaise image de l’église et nuira à l’harmonie du paysage. (F. Enguerrand, les trésors d’arts religieux du Calvados).
Abstraction faite du clocher, la nouvelle église présentait une disposition intérieure fort acceptable et une convenable ordonnance. Le maître-autel possédait un éclairage particulier grâce à sa coupole soutenue par deux colonnes. Deux anges adorateurs de chaque côté de celui-ci semblaient garder un tabernacle coiffé de la tiare. Enfin, deux autels latéraux complétaient l’intérieur de l’église. Sur celui de droite, une statue polychrome -peut-être en pierre- de Sainte Anne avec la Vierge était copiée sur un modèle du XVIIème siècle. L’église possédait aussi un beau Christ douloureux.
Le 26 mai 1853, le Conseil Municipal réuni extraordinairement par le Maire, prendra communication d’un extrait du testament olographe de la Comtesse de la Rivière décédée le 13 courant . Elle léguait à la Commune de Thaon l’église qu’elle avait fait bâtir, en toute propriété, ainsi que tout ce qui s’y rattachait. La seule condition par elle requise était d’être enterrée dans le chœur comme fondatrice de l’église.
Le 21 mai 1854, le Conseil Municipal après avoir accepté le legs, votait une somme de 600 francs pour le paiement des droits de mutation, et l’église devint la propriété communale.
Malheureusement, un fléau bien plus redoutable que la foudre devait terrasser encore une fois cette nouvelle église. La seconde guerre mondiale, qui semblait avoir épargné les monuments pendant les quatre ans d’occupation, se révéla hélas destructrice pendant les opérations du débarquement des Alliés. Les clochers servant d’observatoires à l’ennemi furent systématiquement détruits et celui de Thaon n’échappa pas au désastre.
Si l’extérieur de l’église fut reconstruit à l’identique dans les années 50, l’intérieur -pour des raisons d’économie et de modernité- ne retrouva jamais le charme du style grec qui avait tant séduit la Comtesse de la Rivière qui repose désormais sous le mur qui sépare la sacristie du reste de l’église.
Richard Maury
Un peu d'histoire plus ancienne
Alors que les fouilles récentes de la vieille église démontrent l’existence d’un lieu de culte bien plus ancien à cet endroit, nous nous intéresserons au fief de THAN dont l’histoire commence au XI siècle avec Robert FITZ-HAMON descendant par son père de ROLLON Duc de NORMANDIE, qui suivit le Duc GUILLAUME à la conquête de l’Angleterre où il devint Comte de GLOCESTER en 1090.
A cette époque, il existait au hameau de BARBIERES, un château fort placé sur un éperon rocheux qui dominait la vallée et qui tomba en héritage au 5ème fils de Robert FITZ-HAMON. Guillaume de THAN, trouvère normand, auteur du fameux bestiaire. Ce château devint le siège d’une seigneurie de THAN et de BARBIERES, plusieurs familles en portèrent le titre ; il fut cédé par Jean de THAN en 1250 au Doyen HEBERT.
Jusqu’au XV siècle, le château et le fief de THAN demeurèrent aux mains des seigneurs de BEUVILLE. Ils passèrent ensuite à la famille de MATHAN qui habita le château jusqu’au XVIèmesiècle et le vendit à Messire BLOUET Sieur de CAEN et de CAMILLY.
Un nouveau château
Ce fut Pierre BLOUET, devenu seigneur de THAN. anobli par LOUIS XIII. en 1610. qui prit l’initiative de construire une nouvelle demeure plus confortable de l’autre côté de la Mue. Ce petit château de deux étages, qui est encore aujourd’hui éclairé par des fenêtres au galbe mansardien se termine en regardant un parc établi dans l’esprit des émules de « LE NOTRE ».
Une partie du parc qui s’abaisse en pente douce permet à la façade étroite du château de se mirer dans un miroir d’eau aux contours dessinés en « arbalète » alimenté par le CHIRONNE et la MUE.
Contiguë à ce nouveau château. Pierre BLOUET de THAN fit également construire une chapelle dédiée à ST JEAN l’Evangéliste, datée au portail de 1624.
La demeure définitive
Un siècle plus tard, Jacques BLOUET, Seigneur de THAN, conseiller au Baillage et Présidial de CAEN, fit construire en 1732 un logis plus important dans le prolongement du petit château. Cette vaste demeure, aux lignes très étudiées avec ses deux ailes légèrement débordantes, n’avait d’ornement pour ses deux faces que des balcons de fer finement forgés et un fronton triangulaire au-dessus de la travée centrale.
Les fenêtres à petits carreaux donnent de l’élégance à l’ensemble, en éclairant sans perte de lumière, les pièces d’un rez-de-chaussée assez simple, où l’on trouve vers l’ouest un grand salon dont les boiseries en chêne naturel et la cheminée de marbre sont magnifiques. A l’est, une grande salle à manger avec boiseries et cheminée monumentale en marbre dit « Royal Louvre » donnent sur un petit salon en boiserie peinte.
Au premier étage, un long corridor placé au nord dessert les chambres et salles de bain qui reçoivent toute la lumière et la chaleur disponibles ainsi qu’un petit salon orné de boiseries sculptées avec des dessus de porte peintes en camaïeu. Les deux châteaux sont reliés intérieurement par un magnifique escalier de pierre dont la rampe de fer forgé, tout égayée de volutes, rappelle celui de l’Abbaye aux Hommes de CAEN.
La famille MOREL devint propriétaire du château par le mariage de Marie-Anne BLOUET de THAN avec Pierre Louis MOREL de BEUZEVAL. La propriété vint en héritage à son petit-fils. François Henri, Frédéric MOREL de THAN. amiral de la flotte qui avait épousé Armande Henriette LE SENS de FOLLEVILLE dont les parents étaient propriétaires du château de LION sur MER. Arrivé à sa retraite, devenu Contre-Amiral Honoraire, François Henri occupa le château jusqu’au 13 octobre 1847, jour de son décès à l’âge de 85 ans. Sa femme et son fils étant décédés avant lui, il avait fait d’Albert de SAINT-POL, son petit-neveu, son légataire universel, tout en laissant l’usufruit du château à sa sœur Marie Antoinette MOREL de THAN, comtesse de LA RIVIERE PRE d’AUGE, celle-là même qui avait fait construire la nouvelle église.
La comtesse décéda pieusement en mai 1853, quinze jours après sa nièce Caroline, la mère d’Albert de SAINT-POL. Après partage et successions, le Comte de SAINT-POL devint définitivement propriétaire du domaine et l’administra à sa guise.
Dès 1848, le Comte de ST- POL fit vendre 1175 gros arbres sur pied, mais son chantier principal fut le contournement de sa propriété par la route de BRETTEVILLE L’ORGUEILLEUSE à DOUVRES LA DELIVRANDE, qui, auparavant, la séparait en partie en débouchant tout droit de la rue des Jardinets.
Pour se faire, il proposa au conseil municipal, qui l’accepta, l’échange d’un chemin allant de BARBIERES à la vieille église, contre une grande partie de l’allée principale du château. Egalement propriétaire à ABBEVILLE, le Comte SAINT POL décida de vendre le château et les terres de THAON et pour la première fois, c’est un roturier Emile MAUGER qui en devint propriétaire.
Né à DOUVRES le 2 février 1842, Emile doit sa fortune à son père entrepreneur « self made man ». Pourvu d’un diplôme d’ingénieur de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, il se voua aux travaux publics et entreprit la construction du chemin de fer de CAEN à COURSEULLES SUR MER.
Ayant obtenu la concession de ce réseau en 1869 par le Conseil Général du Calvados, il fit l’ouverture de la liaison CAEN – LUC SUR MER en juin 1875, puis ce fut COURSEULLES-SUR-MER en 1876 et enfin en 1877 le raccordement de la gare ST-MARTIN à la gare de l’OUEST.
Emile MAUGER avait une autre passion, la politique, il se présenta aux élections législatives dans la 2 circonscription de CAEN ; battu en 1877 et 1878, il fut élu le 4 septembre 1881, député du Calvados. Malheureusement, le scrutin suivant de 1885 se déroulant par liste départementale. Emile MAUGER fut battu ainsi que ses colistiers républicains. Dès lors, il se consacra uniquement à ses affaires et notamment celles de son village, où il fut Conseiller Municipal puis Maire, à plusieurs reprises. Démissionnaire en 1907, il s’éteint à Paris le 15 janvier 1914.
C’est à lui que l’on doit la grille du Château dont les initiales E.M. figurent au-dessus de la porte d’entrée.
Madame GALLICE, la nièce de Monsieur MAUGER hérita du Château et des terres qui ne devinrent sa propriété que quelques mois.
La guerre de 1914-1918, l’obligea plus tard à céder le domaine à un marchand de biens, qui le morcela en 15 hectares pour le château et cent et quelques hectares pour les fermes et le Moulin de la Vallée.
Le château devint quelques temps la propriété de Monsieur CARRIE qui fit de mauvaises affaires, et le 4 février 1926, le Commandant Charles Louis MASSIEU de CLERVAL devenait le nouveau propriétaire et allait redonner au château de THAON sa noblesse d’antan.
L’histoire du nouveau château ne s’arrêta pas en 1926 car la guerre de 1939 – 1945 vit l’occupation de la propriété par les allemands pendant quatre ans, et sera à nouveau occupée dès le 12 juin 1944 par les Canadiens du Royal Engineers, occupation heureusement sympatique et nécessaire pour les opérations de débarquement et de la libération de la FRANCE.
Le château restera tout le XX siècle dans la famille MASSIEU de CLERVAL et ne fut cédé qu’en 1997 à Madame et Monsieur de RUDDER qui l’occupent actuellement.
Richard MAURY
Chers visiteurs, bienvenue sur le site officiel de la Mairie de Thaon.
Vous pouvez tout à loisir découvrir les attraits de notre village qui compte 1872 habitants en feuilletant ces pages.
Notre commune a la particularité de posséder tous les commerces et les services nécessaires à la vie quotidienne et d’avoir dans sa vallée, une église des XIème et XIIème siècles, au pur style roman dont Arcisse de Caumont et nombre d’archéologues du XIXème siècle ont vanté les qualités architecturales.
Le village de Thaon se caractérise également par sa richesse associative, la qualité de ses écoles primaire et maternelle et de ses équipements sportifs et culturels.
Richard Maury
Maire de Thaon